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fcplume
14 février 2018

L'individu ingouvernable ... un essai complexe mais instructif!

L_individu_ingouvernable

 

Ce qu'en dit l'éditeur:

Pourquoi, depuis plus d’un siècle, les sociétés occidentales traversent-elles des crises – morales, économiques, politiques et symboliques – à répétition ? Roland Gori démontre que, si l’histoire récente semble se répéter, c’est que le modèle libéral se base sur le mythe d’un individu rationnel et raisonnable, capable de décider en toute autonomie en fonction de son intérêt. Or, explique l’auteur, si le libéralisme n’a pas répondu aux promesses qu’il a pu faire, c’est précisément parce que quelque chose en lui ne tient absolument pas compte du sujet dans son besoin de liberté et de reconnaissance.
En fondant sa réfl exion sur des exemples empruntés autant à son expérience de psychanalyste qu’à la littérature et à la philosophie – sont ainsi convoquées, entre autres, les fi gures de Freud, Lacan, Tchekhov, Pasolini, Baudelaire, Nietzsche, Benjamin, etc. –, Roland Gori plaide pour une réappropriation du sujet et de sa dignité d’être de désir, à travers une réhabilitation de la parole et du récit.

Mon billet:

Je ne résiste pas à ce qui me semble être une nécessité : Proposer une version courte et autonome de mon billet et une version plus développée. Chacun choisira celle qui lui convient.

  1. Pour faire court. Publié aux Editions Babel, « L’individu ingouvernable » (2015) est un essai intéressant mais pas toujours aisé à lire.
    Cet essai, on le doit à la plume de Roland GORI. Psychanalyste, professeur émérite de psychopathologie à l’Université de Aix-Marseille, cet auteur fait partie de ces quêteurs d’Humanité qui se battent dans notre époque de l’immédiateté pour se donner un peu de temps, un peu de recul pour lire notre Monde et y redécouvrir des voies, des pistes à suivre sur le chemin du futur.
    Roland GORI se pose trois questions. La première : Pourquoi les Sociétés occidentales traversent-elles depuis plus d’un siècle des crises morales, économiques, politiques et symboliques ? Et, dans la foulée, pourquoi, semble-t-il ne pas tenir compte de la répétition de l’Histoire pour anticiper les crises à venir et les éviter ? La deuxième est celle que pose une gouvernance qui s’appuie sur une technicité toujours plus grande. La troisième relève de la pertinence à reconnaître un parallélisme entre le développement du monde à gouverner, instruire et soigner et celui de la psychanalyse qui s’attelle à repositionner l’individu en tant que sujet porteur d’un besoin de liberté et de reconnaissance.
    Le livre, dans son entièreté, à la fois défilera l’histoire des gouvernances et des crises du libéralisme, il la fera entrer en résonnance avec les grandes avancées psychanalytiques et tâchera de pointer les apports positifs sur lesquels une gouvernance du Monde peut s’établir en tenant compte des unicités et des multitudes complexes. Mais il pointera aussi, avec exemples et références, les dysfonctionnements politiques qui laissent la part belle à la perte des traditions, à l’immédiateté des résultats exigés, à l’évaluation formatée et à la suprématie des experts qui s’autoproclament les seuls sages capables de juger. GORI soulignera aussi le triste refus de nos sociétés de relire le passé pour en comprendre les messages pour le futur. Il invitera sans cesse les individus comme les sociétés, les gouvernants comme les gouvernés à entretenir un rapport de dialogue dans le mélange des singularités plurielles. La recherche du bien commun, dira GORI, ne peut être l’apanage d’une gouvernance. Il émane d’un partage de la base, exprimé, harmonisé, consenti, expérimenté et évalué, relu, réfléchi qui donne au Politique, lorsqu’il s’en montre le garant, la possibilité alors, et seulement alors, de se prétendre le serviteur du bien commun.
    Un livre de notre temps, un livre qui nous aide à préparer le futur … qui est déjà là. Las, peut-être !

  2. Pour m’étendre quelque peu sur les sujets traités. Publié aux Editions Babel, « L’individu ingouvernable » (2015) est un essai intéressant mais pas toujours aisé à lire. Malgré – ou peut-être à cause des nombreuses notes qui référencent de manière précise les dires de l’auteur ou ses emprunts à la littérature, la psychologie, la psychanalyse et à quelques grands Maîtres, chercheurs d’Humanité, et qui se nomment Hanna Arendt, Michel foucault, Freud, Herman Hesse, Véronique Ranouil, Marcel Gauchet, Pierre Bourdieu ou encore Freud, Nietzsche, Pasolini, Baudelaire et bien d’autres.
    Cet essai, on le doit à la plume de Roland GORI. Psychanalyste, professeur émérite de psychopathologie à l’Université de Aix-Marseille, cet auteur a aussi publié « La dignité de penser » (2011), « La fabrique des imposteurs » (2013), « Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux » (2014) ou encore « Un monde sans esprit » (2017). Nul doute, il fait partie de ces quêteurs d’Humanité qui se battent dans notre époque de l’immédiateté pour se donner un peu de temps, un peu de recul pour lire notre Monde et y redécouvrir des voies, des pistes à suivre sur le chemin du futur.
    Chez Roland GORI, les titres de ses publications en témoignent, on retrouve la volonté, quasi obsessionnelle, de poser aux lecteurs trois questions. La première est une évidence qui, à ses yeux, n’est pas suffisamment pas prise en compte : Pourquoi les Sociétés occidentales traversent-elles depuis plus d’un siècle des crises morales, économiques, politiques et symboliques ? Et, dans la foulée, pourquoi, semble-t-il ne pas tenir compte de la répétition de l’Histoire pour anticiper les crises à venir et les éviter ? La deuxième question, fondamentale, est celle que pose la technicité toujours plus grande alors que la gestion politico-économique libérale du monde tente à s’affranchir de l’humain qui a ses faiblesses, ses manques de réponses toujours identiques et donc son imprévisibilité face aux stimuli provoqués par une économie de fabrication à outrance et non de création. La troisième, centre de son essai, relève de la pertinence à reconnaître un parallélisme mis en évidence par le chercheur entre le développement du monde à gouverner, instruire et soigner et celui de la psychanalyse qui s’attelle à repositionner l’individu en tant que sujet porteur d’un besoin de liberté et de reconnaissance.
    Le modèle libéral, argumente-t-il, est un modèle fasciste si on entend, à la suite de Roland Barthes, le fascisme comme étant un mode de gouvernance, non qui empêche de dire ce que l’on pense mais qui impose d’affirmer notre adhésion totale au modèle utilisé par les gouvernants du régime ! Or, selon Roland GORI, la pensée libérale qui domine le monde « se fonde sur l’intérêt que ‘chacun’, individu ou gouvernement, peut attendre des actions qu’il entreprend. La rationalité utilisatrice du gouvernement des individus repose dès lors sur le calcul des retours sur investissement que peuvent procurer les actions économiques, culturelles, politiques, philosophique, morales et psychologiques. Le pouvoir ne cherche pas à régler ses actions sur la sagesse, la vertu, la foi, la gloire ou l’idéal. Il ne gouverne que sur les calculs : calculs des richesses, calcul des facteurs de risque, calcul des relations et des opinions, de leur optimalisation. » 

    On le sent, l’Homme-libre, l’Individu porteur d’une pensée, d’une vie à vivre ne peut rivaliser en efficience avec les robots, les cyborgs, les machines que la technologie dote déjà d’une « pensée autonome » leur permettant de disqualifier l’Être dans ses choix et réactions au nom d’un calcul d’efficience, de fiabilité et de retour sur investissement plus grand. L’option libérale ne gouvernant que par calcul, elle se doit de tout mettre en œuvre, non pour empêcher l’homme d’avoir un avis, mais pour lui imposer de marquer son accord, son ralliement à la pensée unique que l’intérêt privé, y compris ceux des gouvernants, prime sur l’intérêt de la société. 

    Par toutes les techniques de communication, de gouvernance, d’instruction et de prise en charge dont il dispose, le dirigeant politique s’impose à l’individu, surtout si ce dernier se révèle faible, sans moyen d’investir et de faire entendre sa voix. A ce titre, l’impérialisme toujours plus grande d’un langage techniciste, codé et loin de toute expérience humaine propre à l’individu est un des moyens forts pour affaiblir celui-ci et lui ôter toute parole échangeable avec le système ! Et même si, en paroles, chacun sera proclamé unique et digne d’intérêt, dans les faits, l’individu massifié par le mode de gouvernance sera disqualifié et tenu pour zéro à moins de proclamer haut et fort son attachement prosélytiste au pouvoir. Dans ce seul cas, il sera servi à concurrence des services qu’il rend lui-même aux gouvernants. Tel est le modèle de gouvernance libéral ou néo-libéral qui cherche à régir le monde depuis la fin du 19 siècle, au moins.

         Mais avec la psychanalyse, révolution copernicienne dans l’approche du sujet pensant régi, le plus souvent, par l’inconscient,               l’individu apparaît comme n’étant libre qu’à condition de pouvoir prendre le temps de dire au présent ce qu’il peut retrouver de           constituant dans son passé et, de ce fait, pouvoir anticiper des actions créatrices d’un futur tenant compte de la concordance              des temps qui a mené l’individu du passé au présent, porte d’un futur. Que ce soit dans la recherche de sa propre authenticité              ou dans la gouvernance de la société où il est plongé, si l’individu ne peut jouir de ce temps de conjugaison de ses singularités             plurielles et de son rapport au temps, il ne pourra que se situer continuellement en porte-à-faux avec un modèle de gestion,                d’instruction et de soin à prodiguer à la Société qui le pousse, le force à poser des choix sans conscience. L’homme relié à lui-              même et donc aux autres (la solitude à besoin des autres !), l’homme donc ne peut se satisfaire et adhérer à une culture                    exclusivement centrée sur les calculs d’intérêts, calculs qui sont le fondement même de toute politique libérale. L’individu, s’il              n’est avant tout relié à lui-même et aux autres, est donc ingouvernable !

        Le livre, dans son entièreté, à la fois défilera l’histoire des gouvernances et des crises du libéralisme, il la fera entrer en                     résonnance avec les grandes avancées psychanalytiques et tâchera de pointer les apports positifs sur lesquels une gouvernance           du Monde peut s’établir en tenant compte des unicités et des multitudes complexes. Mais il pointera aussi, avec exemples et               références, les dysfonctionnements politiques qui laissent la part belle à la perte des traditions, à l’immédiateté des résultats               exigés, à l’évaluation formatée et à la suprématie des experts qui s’autoproclament les seuls sages capables de juger. GORI                 soulignera aussi le triste refus de nos sociétés de relire le passé pour en comprendre les messages pour le futur. Il invitera sans           cesse les individus comme les sociétés, les gouvernants comme les gouvernés à entretenir un rapport de dialogue dans le                   mélange des singularités plurielles. La recherche du bien commun, dira GORI, ne peut être l’apanage d’une gouvernance. Il                 émane d’un partage de la base, exprimé, harmonisé, consenti, expérimenté et évalué, relu, réfléchi qui donne au Politique,                 lorsqu’il s’en montre le garant, la possibilité alors, et seulement alors, de se prétendre le serviteur du bien commun.
       

       Un livre de notre temps, un livre qui nous aide à préparer le futur … qui est déjà là. Las, peut-être !

       Les références:

      ISBN : 2330076134 
      Éditeur : ACTES SUD (01/03/2017)
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