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fcplume
17 mars 2018

Rien de plus grand ... que quoi?

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Ce qu’en dit la FNAC (à défaut d’avoir eu un accès certain à une quatrième de couverture):

La pièce empeste les oeufs pourris. L'air est lourd de la fumée des tirs. Tout le monde est transpercé de balles, sauf moi. Je n'ai même pas le moindre bleu.
Stockholm, sa banlieue chic. Dans la salle de classe d'un lycée huppé, cinq personnes gisent sur le sol, perforées de balles. Debout au milieu d'elles, Maja Norberg, dix-huit ans à peine, élève modèle et fille de bonne famille. Son petit copain, le fils de la plus grosse fortune de Suède, et sa meilleure amie, une jolie blonde soucieuse de la paix dans le monde, figurent parmi les victimes, ainsi que Samir, brillant fils d'immigrés décidé à s'affranchir de sa condition. Neuf mois plus tard, après un battage médiatique qui a dépassé les frontières suédoises, le procès se tient. Mais qui est Maja ? Qu'a-t-elle fait, et pourquoi ?
Nerveux comme un thriller, « Rien de plus grand » radiographie, dans une société au bord de l'implosion, les hypocrisies des classes dirigeantes et l'extrême violence qui ressurgit sur leurs
enfants. Déjà best-seller en Suède, ce portrait dérangeant et empathique d'une génération est en cours de publication dans 28 pays. Netflix vient d'en acheter les droits pour l'adapter en
série.

Ma cote : 8/10

Mon avis :

Prix du meilleur thriller scandinave 2017, « Störst av allt », traduit aujourd’hui en français sous le titre « Rien de plus grand », est le dernier roman de Malin Persson LIOLITO. Il est sorti ce 8 mars 2018 aux Presses de la Cité.  La maison d’édition et NetGalley m’ont permis de le découvrir en version numérique, ce fut un plaisir !

L’auteure avant de se lancer en 2008 dans l‘écriture a mené une carrière d’avocate au sein d’un cabinet auprès la cour de justice de l’Union européenne. Elle a travaillé ensuite comme juriste à la commission européenne. Elle poursuit actuellement sa double carrière en tant que juriste et écrivaine. Outre « Störst av allt », on lui doit aussi « Bara ett barn » dont le titre édité chez Belfond est devenu « L’enfant qui ne souriait jamais ».

 

Rien de plus grand est un récit livré à travers le prisme de Maja, jeune ‘young-adult’ enfermée dans une relation amoureuse toxique qui se retrouve devant une cour de justice après avoir tué deux personnes, sa meilleure amie et son amoureux.  La question n’est pas de savoir si les faits sont avérés. La question est celle de la vérité judiciaire qui la déclarera – ou non – coupable !

Au cœur de son procès, Maja s’absente de la réalité et se raconte ce qu’elle a fait, plus encore ce qu’elle a vécu, les chemins parcourus, les embûches rencontrées, les pistes abandonnées, reprises et perdues à nouveau. Surtout, Maja s’interroge : est-elle responsable de tout ce gâchis ? A-t-elle provoqué les dérapages ? Que doit-elle penser de la procureure ? De son avocat ? Et ses parents, ceux de son amoureux, n’ont-ils pas, eux aussi, une lourde responsabilité dans la tuerie qui l’a mené en prison ? La toxicité de son amour, elle n’en est pas responsable. Si ? Issue d’un milieu d’origine friqué, accaparé par sa recherche d’intérêts plutôt qu’attiré par un modèle de relations humaines centrées sur la personne, Maja ne peut que se demander si, née ailleurs, elle aurait modifié la trajectoire qu’elle a choisie.  Finalement, la justice doit-elle la condamner ou la déclarer non coupable ?

Ces questions, de vraies questions sociales abordent les épineux problèmes de sexe, de drogue, d’influence malsaine d’une presse à scandales, de la négation même du respect de l’instruction judiciaire mais l’auteure aborde aussi les questions de la parentalité, du décrochage scolaire, de la réponse des écoles, des manquements de la justice, du manque de réalisme des aides psychologiques (ndlr : le thème central déjà traité par l’auteur dans son livre « L’enfant qui ne souriait jamais ». Le livre touche à tout, à l’image de la complexité de la société dans laquelle le récit s’insère.

L’écriture – et même l’artifice d’écriture laissant la place prépondérante au monologue que se tient à elle-même Maja, la jeune tueuse en attente du verdict – est calibrée pour le public ‘young-adult’. La tranche 15-30 ans aime ces livres qui posent un regard qui édifie le monde, qui lui rend sa complexité et suscite une réflexion généraliste sur la société, ses rouages, son humanité ou l’absence de celle-ci. Ces lecteurs ont l’âge et les moyens de s’identifier à ces questions, le plus souvent sans réponse univoque et ils peuvent, à partir des mots d’auteurs, se forger et énoncer leurs propres visions du monde et de ce qui le déséquilibre. Quant aux lecteurs plus âgés, loin de bouder de telles approches, ils aiment s’y confronter pour, le plus souvent, conforter leur propre appréhension de la société d’aujourd’hui.

Et là, il faut reconnaître le talent de Malin Persson LIOLITA qui maîtrise parfaitement les codes du genre thriller, de la justice face à l’opinion publique et de la construction progressive d’une tension qui guide, contrecarre, confirme ou modifie les jugements que le lecteur porte sur la situation, les personnages et la décision finale. C’est sûr, au cours de la lecture de « Rien de plus grand », on a envie de gifler, casser la figure et renier plus d’un personnage ! On juge, on case les personnes. On objecte et on confirme, de manière péremptoire, les causes malsaines qui ‘nous’ ont conduit au cœur d’une telle situation dramatique. Nous laissant croire qu’on pense par nous-mêmes, Malin Persson LIOLITA nous emmène, nous emporte où elle veut ! Pari gagné, le lecteur dès la première page est pris dans les filets de la complexité que l’auteure va lui dévoiler peu à peu.

 

Rien de plus grand … que l’amour jusqu’au moment où une autre chose le surpasse.   Mais qu’est-ce que cela pourrait bien être ?  N’hésitez pas, suivez l’invitation de l’auteure, plongez dans son roman…

Citations :

Rien de plus grand que l’amour, sauf, peut-être la peur de mourir.

Mon imagination fait partie de mon identité, pour eux c’est une preuve de mon côté dangereux.

Sander écoute toujours ce que je raconte, même quand je me tais.

A propos de l'auteur:

Malin Persson Giolito est la fille de l'écrivain suédois Leif Persson. Elle a grandi à Djursholm. Diplômée de l'université d'Uppsala en 1994, elle a aussi étudié à l’Université de Stockholm et a obtenu une maîtrise en droit européen à l’Université de Bruges. Après avoir travaillé comme avocate, juriste à la commission européenne, elle a, en 2008, commencé une carrière d’auteure.  En 2015, elle a décidé de se consacrer entièrement à cette dernière.  Elle vit actuellement à Bruxelles avec sa famille.

https://www.rtbf.be/auvio/detail_livres-a-domicile?id=2320719

Prix ​​et récompenses 

  • 2016: Prix du meilleur roman policier suédois.
  • 2017: Le prix de la clé de verre et de la Société criminelle scandinave.

Les références:

ISBN : 2258143489 
Éditeur : LES PRESSES DE LA CITE (08/03/2018)
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