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fcplume
6 mars 2018

Il y a longtemps que je mens. Fantasque, immoral mais littéraire!

Il_y_a_longtemps_que_je_mens

Ce qu'en dit l'éditeur:

Il y a longtemps que je mens

Hariri, Kadhafi, Assad : à vingt ans, Alexandre Brandy s'est tour à tour présenté comme leur neveu dans de prestigieuses agences immobilières pour y être traité tel un prince et visiter les plus belles propriétés de la capitale. Jusqu'à s'en lasser et décider un jour de braquer un hôtel particulier en dérobant les bijoux de sa propriétaire, avant d'aller attendre sagement son arrestation chez sa mère, dans l'Oise. Alexandre ne se considère cependant pas comme un voleur mais comme un joueur, un jeune homme qui, pour se faire un nom, a emprunté ceux des autres, et qui, pour exister, a éprouvé le besoin de se faire arrêter, lui, le fils de militaire. Alexandre Brandy est surtout un écrivain qui a eu recours à ce jeu de dupes afin d'incarner réellement la formule rimbaldienne : Je est un autre.

De son premier mensonge à son incarcération à Fleury-Mérogis, il livre ici ses confessions dans un récit stupéfiant, aussi littéraire que puissant, où l'on croisera parmi les policiers, les prisonniers et les agents immobiliers, Proust, Dostoïevski, Napoléon, Baudelaire, et Alexandre lui-même. Le vrai, enfin.

Ma cote: 6/10

Mon avis:

Difficilement classable, ‘Il y a longtemps que je mens’ est un premier roman fantasque, immoral mais littéraire ! Alexandre BRANDY nous plonge dans un bain farfelu mais révélateur d’une conscience qui, à la fois se découvre, s’affine et se distancie du ‘penser correct’. L’enfant qui créait son monde de petites briques de couleurs et s’en déclarait Roi est devenu un jeune de vingt ans, isolé, sans ancrage social et pauvre en lien familiaux. Or, Roi, il veut le rester. Joueur aussi. Il va donc endosser des personnalités tellement incongrues que personne n’osera lui demander de les justifier. Tantôt neveu de Kadhafi, le colonel pas encore déchu ou celui de Assad, pas encore le génocidaire d’aujourd’hui mais déjà homme de pouvoir, Alexandre,  avant se faire ouvrir les portes de trésors qui lui resteraient inaccessibles  va se construire une réputation de fortuné sur les recommandations baveuses de ceux qui voient en lui un marché à placer et le moyen, en parlant de lui à leurs amis, familles et connaissances, de se  donner de l’importance. Pensez donc, côtoyer de telles personnalités !

Ce monde imaginaire crée, Alexandre peut entrer dans son jeu et braquer quelques 700 000€ en bijoux, sous la menace d’une arme factice mais à visage découvert.  Pour lui, un jeu suicidaire, mais avant tout un jeu qui ne se terminera que par son arrestation, son jugement, sa condamnation.

Comment comprendre une telle personnalité ? Alexandre BAUDRY nous l’explique à demi-mots. Mots qu’il emprunte à la littérature. Son livre est truffé de citations, de références littéraires. On croise, et ce sans difficulté ou lourdeur aucune, les Baudelaire, Rimbaud, Proust, Jean l’évangéliste, Joyce, Dostoïevski, Flaubert et les Napoléon, Picasso, Stravinsky, Van Goh… Chacun, par ses pensées, les prises de position relevées par l’auteur, agit comme révélateur de la personnalité d’Alexandre, de sa construction, de son parcours. Un vrai régal !

Ajoutez le plaisir d’une écriture qui garde sa fluidité, son dynamisme et sa cohérence, même entrelardée de citations littéraires et de références qui prouvent le bagage culturel de l’auteur … à moins que ce ne soit là qu’un artifice d’écriture parfois distillé dans les ateliers du même nom mais qui, ici, ne gâche en rien le plaisir de lire.

Les références:

Alexandre Brandy

ISBN : 2246814510 
Éditeur : GRASSET (07/02/2018)

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